Comme un homme
J’avais dix ans et je courais
Sur les falaises où la mer écumait.
On rentrait toujours fin juillet,
Un mois plus tard quand le jour arrivait,
J’avais si peur d’y aller,
Qu’une fois mon père m’a murmuré :
“Va petit marche, comme un homme,
Moi je suis trop resté seul à genoux,
Marche, comme un homme,
Debout.”
Dans les débuts de deux-mille-dix
On a flirté avec des précipices.
Sur l’autel de la récession
Je nous revois tout remettre en question.
Mais défilant pour nos droits,
J’avançais poussé par la voix
Qui disait “marche, comme un homme,
Moi je suis trop resté seul à genoux,
Marche, comme un homme,
Debout.”
La nuit dernière avec Laura
On s’est décidés sous la véranda.
Déjà dix ans de route ensemble,
Tu dis toujours toi-même qu’on se ressemble.
Et qu’est-ce qu’on pourrait faire de mieux ?
Certains soirs je me sens si vieux…
Et puis c’est toi qui serais le parrain,
Toi qui sais si bien joindre les deux bouts
Quand je suis seul à douter de tout !
Passer la main pour changer la donne,
Et qu’un jour, un beau matin d’automne,
Après des manières dans la glace,
De la grille du jardin jusqu’en classe
Il parte et marche comme un homme,
Moi le suis trop resté seul à genoux,
Marche, comme un homme,
Debout.
Fabrice Beauvoir